Durant l’année 1915, la guerre a causé la mort de 370 000 soldats français pour un gain de territoire quasi nul.

En Artois, 112 000 poilus sont morts pour reprendre 4 kilomètres, en Champagne, les offensives de 1915 ont permis de reprendre 5 kilomètres mais avec 182 000 soldats français tués.

Au total , les combats de 1915 ont couté 36 français tués pour chaque mètre repris à l’ennemi.  

Devant cette boucherie, les états-majors réfléchissent à une autre stratégie. Les alliés comme les ennemis sont désormais persuadés qu’il faut concentrer en un seul endroit une armée puissante, bien équipée pour pouvoir réaliser une percée décisive.

L’état-major français décide que Verdun sera l’endroit idéal pour lancer cette offensive courant 1916. Pour augmenter les chances de réussite, les britanniques devront lancer une offensive de diversion dans la Somme afin d’obliger les allemands à ne pouvoir envoyer des renforts à Verdun.

 

 

Ces offensives sont prévues pour l’été 1916.

Or, l’état-major allemand a décidé de son côté d’appliquer une stratégie identique : attaquer en un lieu unique avec une armée puissante après un bombardement d’artillerie intensif ( le feu roulant ou Trommelfeur ).

Et ce sont les allemands qui devancent les alliés en lançant leur offensive également à Verdun mais le 21 février 1916.

Après 2 jours de bombardement très intensifs durant lesquels 2 millions d’obus seront tirés (plus de 20 obus par seconde) 60 000 fantassins allemands se lancent à l’attaque du Bois des Caures, pensant ne trouver que des cadavres devant eux.

Or, les soldats français qui ont survécu à ces orages d’acier résistent de façon héroïque et retardent considérablement l’avance allemande.

Néanmoins, dès le 25 février, le fort de Douaumont tombe suivi de la prise du Mort-Homme le 9 avril puis du fort de Vaux et du secteur de Fleury en Juin.

L’armée française est sous équipée en artillerie et ne peut opposer aux troupes allemandes que les poitrines de ses poilus venus de tous les régiments.

En juillet 1916, le rapport de force commence à s’inverser et les allemands sont bloqués à quelques kilomètres au nord Est de Verdun dans le secteur de Souville.

 

Désormais, l’industrie française est à même de fournir les canons, les obus,  les mitrailleuses  nécessaires pour ce type de combats.

L’offensive des troupes françaises va pouvoir porter ses fruits et en octobre 1916, le fort de Douaumont est repris.

Le bilan de ces combats est effroyable, 160 000 français et 140 000 allemands seront tués à Verdun (300 000 morts en 300 jours de combats, soit 1000 morts par jour !!!).

Là également pour un gain de territoire quasi nul.

Verdun et sa célèbre phrase : « On ne passe pas » entre dans la légende de l’armée française. Dans chaque village, quasiment dans chaque famille, un soldat français est mort à Verdun.

On estime à l’heure actuelle que 70 000 dépouilles de soldats sont encore ensevelies sans sépulture sur les champs de bataille autour de Verdun.

 

 

 

Carte de Verdun et de ses environs avec fronts en février et décembre 1916

 

                       

 

La Bataille de la Somme

 

Pour faciliter l’offensive française prévue à Verdun, les troupes britanniques situées au nord du fleuve Somme devaient, en liaison avec les troupes françaises situées au sud lancer une offensive le 1er juillet.

Suite à l’offensive allemande à Verdun en février, toute la stratégie est à repenser et le front français va fortement se dégarnir pour renforcer la région de la Meuse.

 

Finalement, les britanniques vont soutenir l’effort maximal de l’offensive dans la Somme.

Le 1er juillet, ils déclenchent donc une grande offensive près d’Albert après un pilonnage d’artillerie et l’explosion de mines souterraines à La Boisselle.

 

Le bombardement n’a que fort peu endommagé les abris allemands qui, présents dans la région depuis 1914, avaient eu le temps de bétonner leurs abris creusés très profondément dans la craie de Picardie.

Dès les premières minutes, c’est l’hécatombe et au soir du 1er juillet 1916, 20 000 soldats britanniques ont perdu la vie. Ce jour est le plus sombre de toute l’histoire des armées britanniques.

 

Dans les semaines et les mois qui suivent, les combats sont acharnés et de nos jours, le long des routes Albert – Bapaume  et Albert – Péronne, nous pouvons voir d’innombrables cimetières militaires de toutes nationalités (anglais, canadiens, irlandais, écossais, sud-africains, terre-neuvas, indiens, australiens, néo-zélandais, gallois et aussi français et allemands)

 

La bataille de la Somme prend fin en novembre 1916 et le bilan est encore plus lourd qu’à Verdun.

 

On dénombre plus de 206 000 morts britanniques, 170 000 morts allemands et 67 000 morts français.

Le nombre total des victimes dépasse sans doute pour beaucoup d’auteurs le million de soldats.

 

En 150 jours de combats, il y a eu 450 000 tués, soit 1.5 fois le bilan de Verdun en 2 fois moins de temps. (3000 morts par jour dans la Somme contre 1000 à Verdun).

 

A la fin de 1916, les positions des différentes armées sont à peu près celles du début de l’année mais il y a eu entre temps 750 000 soldats tués et plus du double blessés.

 

1916 marque les débuts des guerres industrielles où désormais, les moyens humains sont dépassés par la puissance des canons, la cadence des mitrailleuses et la puissance des chars d’assaut employés pour la première fois dans la Somme.

Il faut noter qu’à part dans le département de la Somme, 1916 est synonyme de Verdun dans la mémoire française.

Pourtant ce sont les britanniques qui ont payé le plus lourd tribu en cette année 1916, en témoigne par exemple le mémorial de Thiepval, plus grand monument militaire britannique au monde.

 

 

 

Front dans la Somme en juillet et en novembre 1916