Philippe-Albert Taffin, le prieur-curé, qui vit au presbytère, a été élu maire de Bacouel le 7 février 1790. Il est né le 20 février 1756 à Bailleul  Sir-Berthout, près d’Arras. Marc Bulcourt, notre voisin : comme lui un migrant du Pas de Calais vers Bacouel, a retrouvé la généalogie de Taffin à Bailleul Sir-Berthout où il a lui-même des homonymes. Taffin  est le fils de Philippe Adrien Taffin et de Marie Joseph Laurent. Il est le frère ainé de  Jacques Martin né le 11/02/1757, de Jacques Antoine né le 28/01/1758, de Marie Barbe née le 15/01/1759, de Jacques Martin né le 29/02/1760 et de Marie Geneviève née le 15/02/1761. Que des enfants conçus au printemps !

Sous la Convention, les prêtres doivent prêter serment ; certains refusent. Il y aura donc les prêtres « constitutionnels» et les « réfractaires ». Le 23 février 1791, les officiers municipaux de Buyon, Plachy, Bacouel, en vertu de l’annonce faite à son prône le dimanche 16 du dit mois par Taffin, se rendent à l’église de Buyon-Plachy pour l’entendre prêter serment. A la messe paroissiale, à 8 heures et demie, il monte en chaire et en présence de tous ses paroissiens, il termine son discours en ces termes : « Je jure de veiller avec soin sur les fidèles qui me seront confiés, je jure d’être fidèle à la Nation, à la Loi et au Roi ». Les paroissiens satisfaits lui font entonner le Te Deum. L’abbé Desmarquet, curé de Prouzel, ayant refusé de prêter serment à la Constitution Civile du Clergé, Taffin va administrer, en même temps que sa paroisse, la cure de Prouzel.

Théatre

Par contre, Jean François Duwarant, le vieux curé de Nampty, n’a  pas voulu renier ses engagements de prêtre : mal lui en prend ! Les « Documents pour servir à l’Histoire de la Révolution Française » nous relatent ses déboires.

Le dimanche 26 juin 1791, une foule d’habitants de Bacouel, Plachy, Buyon et Prouzel se portent, avec des armes de toutes sortes et des cordes, vers son presbytère et se saisissent de lui en l’injuriant de la manière la plus grossière, menaçant de le pendre. Ils le trainent avec eux chez M. Taffin, le curé de Bacouel, lui arrachant sa perruque et levant le sabre sur lui pour lui couper la tête. Le curé de Bacouel étant venu à sa rencontre, 400 marches environ au-devant de l’attroupement, ne lui a fait aucun mal et, au contraire, lui a offert des rafraichissements dont il avait grand besoin à cause de l’assaut que celui-ci venait d’éprouver. Ensuite, sur la prière du curé de Nampty, celui de Bacouel l’a reconduit avec l’attroupement jusqu’à Plachy. A cette distance, ceux qui formaient l’attroupement se sont  retirés petit à petit et ont laissé M. Duwarant retourner chez lui.

Les membres du Conseil général de la commune de Nampty (qui présentent cet événement à l’Assemblée qui doit en délibérer)  affirment que ce vieillard  est un vieillard respectable qui n’a jamais parlé contre la Constitution.

L’Assemblée (devant laquelle ces évènements ont été rapportés) affligée des actes de licence auxquels le peuple se livre, convaincue que de pareils excès amènerait bientôt l’anarchie s’ils étaient tolérés et qu’un tel ordre de choses est nuisible à la Constitution,

considérant néanmoins que ceux qui se sont portés à ces désordres peuvent y avoir été excités par l’impulsion des ennemis de la Constitution, ou entrainés par de fausses applications des décrets,

l’assemblée, après avoir entendu le Procureur général syndic, a arrêté qu’il sera écrit aux municipalités de Bacouel, Plachy, Buyon et Prouzel pour leur faire connaître que toutes les opinions religieuses sont libres, que la sûreté individuelle des citoyens doit être respectée et maintenue par la force publique lorsqu’on y porte atteinte,

que ceux de leurs habitants qui se sont portés chez M. le curé de Nampty ont violé toutes ces règles et qu’ils ont encouru la vengeance de la loi en attaquant, ainsi qu’ils l’ont fait, ce citoyen respectable.