En 1687, François d’Aboval établit un dénombrement complet de ses biens de Bacouel qu’il tient du duc De Chaulnes. Le domaine est décrit en trois parties
– Son manoir avec cour, jardin, grange, étables et colombier ; le tout sur environ un journal et demi. Il dispose d’un moulin à blé et de deux moulins à foulon désaffectés (à fouler serge et à drap).
A proximité, le seigneur possède un « jardin à arbres » (verger) de neuf journaux, un bosquet de deux journaux plantés d’arbres, et quatre journaux de terre portant une petite ferme. Les autres parcelles sont données comme des prés dont la surface totale est de l’ordre d’une trentaine de journaux. L’ensemble de ce chef-lieu, (encore appelé : appartements et dépendances) s’étend sur une surface de 46,5 journaux (1 journal fait selon les régions environ ½ hectare).
– Une seconde partie du dénombrement décrit quelques 37 parcelles de terre d’une surface de 376 journaux, soit une dimension moyenne de 10 journaux exploitées au profit du seigneur.
– La troisième partie du dénombrement fait la liste des terres « tenues de la seigneurie » et occupées par les villageois. On dénombre 199 parcelles pour quelques 355 journaux, soit une taille moyenne bien inférieure, de l’ordre de 2 journaux (environ 1 hectare) . Les surfaces du domaine du seigneur et du terroir tenu de l’ensemble des villageois sont du même ordre.
La communauté du village est représentée par Romain Chatelle : ce maire de la seigneurie de Bacouel est en fait boucher à Amiens. Comme lui, quelque nobles ou notables extérieurs à Bacouel y ont un bois ou quelques journaux de terre : Les sieurs d’Hangest, Lucas, Mantel de Creuse, Potron, Saint Fuscien, Simon de Boulogne, de Rumigny. Un sieur Roger est notaire et procureur au baillage d’Amiens. Une veuve Cauchie est marchande de fer à Amiens. Le Censier Duquenel est le percepteur de l’époque.
Le clergé possède aussi plusieurs parcelles : l’Hotel-Dieu, les Chapeliers d’Amiens, les Chanoines d’Amiens, les maîtres de Saint Julien d’Amiens. Le clergé récoltait dans le Bois de Bacouel les échalas nécessaires au tuteurage des ceps dans la « Vallée des Vignes ».
On peut constituer la liste des familles des plus grands propriétaires terriens, citées au moins une demie douzaine de fois dans le document :
Famille Tassencourt : 56, Famille Jolly : 37, Famille Boulanger : 35, Famille Lescelin : 33,
Famille Delacroix : 24, Famille Finet : 23, Marguerite Hurtaut : 21, Famille Baillet : 20
Famille Vallet / Wallet : 19, Famille Minard : 14, la veuve Cauchie : 13, Famille Fouré : 13
Famille Dequet : 8, Famille Lefevre : 7, Famille Forestier : 6
Les registres nous signalent un baptême dans la famille d’un premier meunier identifié : En 1695 Charles Fouque, meunier, baptise son fils François. Ces premiers moulins sont déjà figurés sur un plan de Bacouel (gardé aux Archives départementales) établi pour un procès opposant le sieur d’Aboval au sieur d’Hangest. Mais la déviation de la Selle dite «l’Aqueduc» n’y figure pas encore.
Bacouel n’est encore qu’un tout petit village : il ne compte que 100 habitants en 1698, chiffre qui baisse encore à 81 en 1709, l’année du plus terrible hiver de toute l’histoire. Après le château, le village ne dépasse pas la route de Plachy.