Le 24 janvier 1789, le Roi avait, par lettres patentes, convoqué les Etats Généraux et publié le règlement des détails préparatoires. Lecture en avait été faite au prône de la messe paroissiale ainsi que l’ordonnance du Lieutenant-Général du Baillage d’Amiens, et le 18 mars 1789, était réunie à Bacouel l’assemblée qui devait rédiger le cahier de doléances que voici :
L’assemblée de ladite paroisse, pleinne de confiance dans les intentions bienfaisantes dans la sagesse et la bonté paternelle de Sa Majesté, et dans la prudence des délibérations de la prochainne assemblée des Etats Généraux, s’y repose avecque assurance, et attend avecque l’espoir et le mieux fondé, les fruits des sages réglements qui rétablironts invariablement l’ordre et l’équilibre dans les finance de l’Etat, qui doivent opérère le bien généralle du roiaumme, affermirre la félicité publicque, et assurerre à jamay à Sa Majesté la vive reconnaissance, le tendre amour, et les bénédictions de ses fidelles sujets.
Déjà pénétré de tous ces sentiments, l’assemblée de la paroisse de Bacoielle se contente de chargère ses sesputtés pour faire parvenir au pied du tronne le fidelle hommage de son profond respects, et de supplière Sa Majesté de vouloire bien, de concert avecque les Etats Généraux, fixer particulierrements ses regards sur les besoins, l’indigence, et détresse qui accable la plus grande partie de la campagne.
Que Sa Majesté veuille bien avoirre la bonté de considerère que l’impôt de la taille, en surcroit, a esté ajoutté aux levés des milices, logements des troupes et autres, est une surcharges bien pessante à son peuple, qui ne peut que lui en desmandeère instament l’adoucissement, et que Sa Majesté diégnera nous en accorder la suppression, et le remplacement par quelqu’autre impositions généralle. Nous espérons que Sa Majesté trouvera estre juste que les despences nécessaires, pour touttes les objets d’utilité commune, généralle, et notament, pour la confection des chemins et autre, doivent estre surporté par l’universalité des citoiens, tants des villes que des campagnes.
Nous espérons que Sa Majesté voudra bien avoirre la bonté de suprimer le nombre de différend impôts trop multiplié, et prescque infiny, dont il n’est aucun que nostre province ne soit chargés.
Nous demandons à Sa Majesté que, dans les impositions des vinptiemmes, on doit avoirre bien plus d’égard que par le passé, aux frais et non valleurs, pour que l’imposition ne tombe, et ne se perçoive que sur le revenus reelle, net et effective des biens, sans quoy l’imposition devient excessive, et troppe onéreaux aux propriétaires.
La guabelle est un impôt qui fatigue, vexe et désolle les campagnes, donts les abus criants onts déjà affligé et révolté le cœurs paternelle de Sa Majesté.
Nous représentons à Sa Majesté que la foulle des droits d’aide, droits sur les boissons, droits loceaux, droits d’entré et autres, par leur multiplicité, leure complications, leurs obscurritté, est une source intarissable de recherche fatiguante et insurportable, d’extentions arbitrairre, d’abus et de vexations, qui fait que le commerce de la province languit, souffre et de périts de plus en plus, et que l’agriculture a besoin d’encouragement efficace, surtous pour la multiplication des bestieaux.
La cherté du bleds, les accidents, les incendies, la grelle, les innondations et les cessassions des traveaux, appauvrisse de plus en plus les campagnes, et les obligeant à un secour plus abondant, et surtous dans les saisons rigoureuses.
Touttes ces souffrance insupportable cause des maladies épidémiques, et pour lesquelles il manque de chirurgien instruits.
Touttes les chemins vicineaux de la province, s’y nécessaires à la circulation et au débits des denrées, sont prescque patous dans le plus mauvais états, et souvent impraticables, et il est impossible que les habittants des campagnes puissent eux seulle suffire à leurs réparations et entretiens.
Le droit de champart est un droit qui genne et affiches les cultivateurs, leurs ottant le pouvoirre et la liberté d’enlever leurs moissons avant qu’on soient venus le marcuère.
La dixmme en natur n’en est pas moins ; nous demandons que ces deux droits soits convenues en une censive en argents ou en grains batteus, mais quand à la meneu dixme, nous en demandons la suppression.
Quant aux impôts, s’y il estoit possible que Sa Majesté veuille avoir la bonté de nous délivrère de la tirannie des fermiers généraux, qu’ils nous surchargent de beaucoups d’autres impôts, non à eux deubs ny accordés.
Nous demandons que les fraix des procédur soient diminués et taxés dans les tribuneaux, et que les tarifs en soit affiché dans chaque auditoirs, afin qu’il soit public.
En outre que les beaux des biens de main-morte soients de neuf annés consécutifs, qu’ils soient adjugé à la crié, par devant les Etats Provinciaux., ou les juges ordinaire, dans les mesme forme que ceux des hopiteaux et par dessus touttes autre chosse, que touttes les droits roieaux en généralle soient réunies en une seulle fourme.
Nous demandons que nous puissions jouir pour nos patur tant du haut que du bas, d’une plantation qui a esté fait par le seigneur, en la fausse rivière qui sépare le Grand Maraix d’avecque le maraix nomé le Maraix à pourceaux.
Telles sont les humbles demandes que forme l’assemblée de la paroisse dudit Bacoielle ;
Fait et arretté par nous sindicqs et membre de nostre assemblés municipalle, le dix huitemme jour de mars, mil sept (cent ) quatre vingt neufs, et nous avons signés et notre greffier.
Signé : Jacques MONGRENIER, Jean-François LAMARRE, DE BONNAIRE, TASSENCOURT, FIQUET sindic, LAPOSTOLLE, FIQUET, CARPENTIER, LAMARRE, BRASSEUR, Firmin CORSI, BRETON, VILLAIN, Roch CLEMENT, CARON greffier.
Photos du bicentenaire de la Révolution
Le colporteur (M. JUMEL) annonce : Tous les villages de la vallée rédigent leurs doléances! »
Difficile rédaction à Bacouel. Debout : Tassencourt (Marc Bulcourt)