Jules Remy Adrien DELATTRE né en 1884, tué le 1er mai 1915 à Bagatelle (Bois de la Gruerie) Argonne

Jules DELATTRE est né le 17 avril 1884 à BLANCFOSSE (canton de Crèvecœur) dans l’Oise.
Il est le fils d’Alfred DELATTRE et d’Albertine LEMAITRE.
En 1904, il habite Fouilloy près de Corbie où il exerce le métier de garçon meunier. Il effectuera son service militaire au 151ème régiment d’infanterie de Beauvais en 1905.
Après son service militaire, il reprendra son métier de garçon meunier dans plusieurs moulins de la région ce qui l’amènera à changer souvent de domicile.
On le retrouve successivement au moulin du Paraclet à Boves début 1908 puis à Bacouel en avril 1908 , ensuite Conty en 1909, Aubigny en 1910, Boves à nouveau en 1911 et retour à Bacouel en janvier 1914 où il restera jusque son rappel sous les drapeaux le 4 août 1914.
Il incorpore cette fois le 150ème Régiment d’Infanterie basé à Saint Mihiel.
Ce régiment va subir le baptême du feu dès le 22 août 1914 dans le secteur de la Vallée de la Crusne. Fin août 14, il va cantonner au Mort-Homme près de Verdun. Ce régiment, comme tous les régiments français essaie de stopper l’avance allemande rapide.
Puis vient la victoire de la Marne et le recul allemand. Le 150ème va repasser la Meuse à Verdun et livrer de violents combats près de Saint Mihiel, sa ville de garnison.
En décembre 1914, le front se stabilise de la Mer du Nord au territoire de Belfort et le 150ème va prendre position dans le secteur du pavillon de Bagatelle dans le bois de la Gruerie dans l’Argonne.

pavillon Bagatelle

Pendant 7 mois consécutifs, le régiment va livrer là les plus violents combats de son histoire jusqu’au 6 mai 1915 où, décimé, il sera enfin relevé.
A partir de cette époque, le 150ème RI portera le nom, fièrement inscrit sur son étendard, de « Régiment de Bagatelle »

Ce 1er mai 1915 à 17h00, le 150ème RI relève en première ligne le 161ème RI.
A 17h30, une importante attaque allemande se produit avec dynamitage d’un blockhaus et utilisation de lances flammes.
Une violente canonnade s’abat sur toutes les tranchées du secteur et les pertes sont sévères.
A 18h30, les munitions viennent à manquer et l’infanterie allemande fonce vers les tranchées françaises. De très violents combats à la baïonnette s’engagent sur les parapets des tranchées. Les soldats français résistent au prix de lourdes pertes jusque 19h30, heure à laquelle des compagnies de renforts arrivent et permettent de stopper l’attaque allemande.
Vers 20h00, les combattants épuisés cessent les hostilités et le calme ne reviendra que vers 2h00 du matin.
Pour cette seule fin d’après-midi du 1er mai 1915, les pertes françaises s’élèvent à 64 tués, 153 disparus et 395 blessés.
Jules Remy Adrien DELATTRE fait partie de ces disparus.
Un monument à la gloire de ces soldats du 150ème a été érigé dans le Bois de la Gruerie.

monument
Jacques DARRAS, né à Bernay en Ponthieu, ancien assistant à l’Université de Picardie, qui fut doyen de faculté de 1984 à 1999, poète, essayiste, vient de publier un livre aux Editions Arfuyen
« Je sors enfin du Bois de la Gruerie »
C’est un recueil de poèmes dont un, fort émouvant, en hommage à son grand père Edouard disparu lui aussi à cet endroit en septembre 1914.

Edouard

recueil

Extrait du poème : « Volatilisation d’Edouard DARRAS au Bois de la Gruerie le 24 septembre 1914 »
*
Tu es dans l’ovale d’une photo.
Tu es en 1914, tu as 27 ans.
Tu te fais photographier on ne sait jamais.
Tu as raison, ce sera ton unique ultime portrait.
Tu as cheveux bruns col amidonné.
Tu as des yeux francs, marron semble t-il.
Tu portes moustache claire, lèvres épaisses.
Bien dessinées.
Tu as lavalière & veston noir.
Tu sors d’adolescence, jamais ne saura l’art d’être grand-père.
Sache ceci.
Je porte ton nom, j’ai ton prénom inclus dans le mien.
Jacques-Edouard Darras.
Je me fais l’effet d’un personnage royal.
Je suis fier de toi.
Je suis fier de nous.