Au village, pas de bombardement massif, mais un éclat de métal passe quand même juste devant le nez d’Yvonne Debroy et s’enfonce en terre pile entre ses pieds. Elle n’a pas à se plaindre : un civil tué dans les combats sera enterré au coin de la ferme Magnez.
Un soldat allemand qui avait déserté est repris à Paris, ramené à Bacouel et fusillé par la Wehrmacht pour l’exemple. Pendant les hostilités, 5 soldats allemands sont tués à Bacouel :
– 2 qu’Yvonne Debroy verra mourir sont enterrés provisoirement dans le champ en face de la montagne ; après la guerre, ils seront déplacés au cimetière allemand de Bourdon parmi les quelques 23.000 autres soldats allemands.
– 2 autres qui seront mis en terre à la croisée de la gare.
– le dernier qui sera enterré au château, puis déplacé au cimetière.
Terrible est le spectacle des quelques 70 Allemands blessés qu’on a amenés au château. L’un d’eux mourra, vidé de son sang, suite à une blessure à l’artère fémorale qu’on ne traitera pas à temps, un autre a le ventre ouvert, un troisième grimace horriblement sa souffrance qu’il tente de calmer en buvant à plein goulot la bouteille d’alcool qu’on lui a tendue.
Les Anglais libèrent le village de Bacouel : on va pouvoir recommencer à vivre.